Le sens des priorités
Aujourd’hui je détricote, je défais le début de ce gilet que je n’ai pas terminé et qui est déjà trop petit. Je me sens déçue.
Je l’avais commencé il y a bientôt 2 ans. J’étais en vacances. Il faisait beau.
Je me promenais dans les rues du vieux Tours et je suis rentrée dans ce magasin de laine qui me faisait de l’œil depuis un moment déjà.
J’aime la laine, son moelleux, ses couleurs chatoyantes.
Un modèle m’a plu, il sera parfait pour ma petite fille.
Et me voilà repartant avec 4 pelotes, une nouvelle aiguille ronde et la fiche pratique.
Pleine d’enthousiasme, imaginant ma petite-fille portant déjà son gilet dans quelques mois.
Bon je me connais…ce sera pour l’automne prochain, ou au mieux la fin de cet hiver. Donc je prévois une taille plus grande. Nous sommes en décembre 2019.
Et voilà aujourd’hui je vis à Brest. Je me dis que je pourrais enfin reprendre ce tricot. Mais il a trop peu avancé et ma petite-fille a bien grandi.
Alors avec tristesse, je décide de détricoter, d’abandonner ce projet qui n’est plus adapté à la réalité.
L’a-t-il déjà été ?
Le tricot c’est long pour moi, rester assise, tranquille, ne rien pouvoir faire d’autre sinon je perds le fil et je recompte mes rangs. Je ne dis pas que je n’aime pas ça. J’apprécie de voir l’ouvrage avancer, la matière prendre forme. Cela a aussi un effet relaxant, méditatif si je peux rester centrée. Et quelle joie de le porter ou de le voir porté. Mais pour y arriver, cela me demande de la discipline, de la concentration (et un rien me déconcentre ).
Je n’ai pas tricoté pour mes enfants. J’avais envie de le faire pour ma petite fille.
Alors comment en suis-je arrivée là ?
J’avais pourtant prévu large, je n’étais pas pressée et cela pouvait attendre.
D’autres activités, évènements, priorités sont arrivés et j’ai remisé mon projet au fond d’un carton en attendant le bon moment.
Aujourd’hui, je me dis que peut-être je n’étais pas si déterminée dans l’objectif de terminer ce gilet.
Je comprends que si je veux accomplir quelque chose, cela doit devenir ma priorité, même si c’est une priorité parmi d’autres. Je dois lui donner de la place dans mon emploi du temps, une part de mon énergie.
Et pour avoir plus de chances de mener mon projet à son terme, la joie doit être de la partie, le plaisir sur le moment ou à venir.
Oui bien sur nos objectifs peuvent changer, car la vie est mouvement perpétuel.
En regardant les deux années qui se sont écoulées, je relativise. Que d’événements ! Que de changements !
Alors non, je n’ai pas tricoté ce gilet, mais j’ai accompli tellement d’autres choses, plus importantes à mes yeux aujourd’hui. Je suis reconnaissante pour tout cela.
Et puis il me reste toujours 4 pelotes de belle laine et des aiguilles…